par Manon Ricou le 18 juillet 2022
Après 4 mois de conflit, l’armée russe ne contrôle qu’une petite partie du territoire ukrainien. Du côté diplomatique, l’Ukraine l’emporte avec Vladimir Zelevinsky qui est devenu une star internationale. Mais comment le peuple russe perçoit-il cette guerre ? C’est ce que Bernard de La Villardière nous propose de découvrir dans ce document exceptionnel pour Enquête Exclusive.
Nationalisme
À quelques kilomètres de Moscou, alors que la guerre en Ukraine fait rage, des milliers de familles insouciantes se pressent dans au Patriot Park. Ici, les jeux et les attractions servent à sacraliser l’armée russe et à renforcer le patriotisme. Les enfants peuvent tirer à blanc avec de vraies armes de guerre et pour les séduire, des simulateurs de camions de combat et de tanks sont à disposition.
Ce projet faramineux à 330 millions d’euros a été financé en 2015 par le ministère de la défense russe. Dans l’esprit de Vladimir Poutine, ce parc nationaliste devait gonfler l’orgueil de son peuple et le préparer mentalement à la guerre. La militarisation des esprits, et en particulier de la jeunesse, est une obsession de Poutine depuis 2015.
Propagande
Pour diffuser sa parole, le Kremlin a sa voix officielle : le propagandiste Vladimir Soloviev. Proche du pouvoir, il est le seul journaliste autorisé à interviewer le président, qui préparait déjà le terrain de la guerre en Ukraine en 2015 lors d’un entretien complaisant. En effet, Poutine prétend depuis des années que le pays est gouverné par des Nazis. Une instrumentalisation de l’histoire qui fonctionne à merveille.
Obsédé par un ennemi imaginaire, Vladimir Soloviev affirme avoir été victime d’une tentative d’assassinat. L’arrestation du commando terroriste par le FSB a été retransmise sur toutes les télévisions d’Etat, mais cet attentat déjoué ressemble davantage à une mise en scène des services secrets russes. Parmi les pièces à conviction, on retrouve tout l’attirail du parfait terroriste neo-nazi.
Répression
La Russie est devenue un monde à part où règne les contre-vérités et dans lequel aucune voix dissonante n’est tolérée. Depuis une loi votée le 4 mars, toute critique de l’armée ou de la guerre peut valoir jusqu’à 15 ans de prison. Mais, les forces de l’ordre ne sont pas les seules à pourchasser les opposants au régime. De simples citoyens ont décidé de les harceler en taguant leur porte de la lettre Z et pouvant aller jusqu’à la délation.
À cause de la répression, 200 000 Russes auraient fui le pays depuis février et les derniers opposants sont envoyés en prison, comme Vladimir Kara-Murza. Cet ancien journaliste, devenu fervent opposant à Poutine, critique frontalement l’intervention en Ukraine. Aujourd’hui, il risque jusqu’à 10 ans de prison pour diffusion de fausses informations.
Comment regarder le replay d’Enquête Exclusive : Guerre en Ukraine, comment Poutine manipule le peuple russe ?
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