Capital spécial locaux vs touristes : diffusion du 18 août 2024 sur M6

Capital spécial locaux vs touristes

par Clément Lasserre le 18 août 2024

La France, avec ses paysages pittoresques, sa gastronomie réputée et son riche patrimoine culturel, continue d'attirer les foules du monde entier. Ce dimanche 18 août, Julien Courbet présente un nouvel épisode de Capital à 21:10 sur M6 sur la surpopulation touristique et l'explosion des prix.

Le replay de l’émission est disponible gratuitement via M6+.

Des riverains en colère

Chaque année, ce ne sont pas moins de 90 millions de touristes qui foulent le sol hexagonal, générant un chiffre d’affaires colossal de 200 milliards d’euros. Une manne financière qui fait rêver bien des économies, mais qui cache une réalité bien moins idyllique pour les habitants des zones touristiques les plus prisées.

Annecy, la « Venise des Alpes », illustre parfaitement ce paradoxe. Jadis en tête du palmarès des villes où il fait bon vivre en France, elle a récemment chuté à la septième place. La raison de cette dégringolade ? Une affluence touristique devenue ingérable. Chaque année, pas moins de trois millions de visiteurs déambulent dans les ruelles étroites de sa vieille ville, transformant le quotidien des résidents en véritable calvaire.

« C’est devenu invivable » témoigne Marie, habitante du centre historique depuis 30 ans. « Les nuisances sonores sont permanentes, on ne peut plus circuler normalement, et les prix de l’immobilier ont explosé. Même faire ses courses est devenu un défi avec la disparition des commerces de proximité au profit de boutiques pour touristes. »

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La Corse, victime numéro 1 en France ?

Le phénomène ne se limite pas à Annecy. Dans de nombreuses destinations touristiques françaises, les collectivités locales font face à des défis croissants. La sur-fréquentation entraîne une saturation des infrastructures, une dégradation accélérée des monuments historiques, une pollution accrue et une production de déchets hors norme.

En Corse, dans la région de Calvi, la situation est particulièrement alarmante. Le tourisme estival y génère à lui seul 50% des détritus de toute l’année. Pour faire face, les services de nettoyage sont contraints de tripler leurs passages, de renforcer leurs effectifs et même d’investir dans des technologies coûteuses comme des robots pour dépolluer le port. « C’est un gouffre financier » déplore le maire de Calvi. « Et ce sont nos contribuables locaux qui en supportent le coût.« 

Face à ces défis, certaines communes innovent. À Lumio, toujours en Corse, on a opté pour la responsabilisation des plaisanciers. Des bornes connectées ont été installées pour mesurer en temps réel leur consommation d’eau et d’électricité, leur faisant ainsi prendre conscience de leur impact et, surtout, les faisant participer aux frais.

Un système de quotas

Le Parc National des Calanques, joyau naturel aux portes de Marseille, a choisi une autre voie : celle des quotas. « Nous devons préserver ces espaces fragiles » explique son directeur. « Limiter le nombre de visiteurs est devenu une nécessité, même si cela ne plaît pas à tout le monde.« 

Cette gestion des flux touristiques est d’ailleurs devenue un véritable marché. Affluences, une PME française, a développé un système basé sur l’intelligence artificielle permettant de compter les touristes en temps réel. « Notre technologie aide les sites touristiques à mieux gérer leur fréquentation » explique son fondateur. « C’est bon pour l’expérience des visiteurs et pour la préservation des lieux. »

Le tourisme, longtemps perçu comme une bénédiction économique, révèle ainsi sa face sombre. L’équilibre entre développement économique, préservation de l’environnement et qualité de vie des habitants est plus que jamais un défi majeur pour les destinations touristiques françaises.
Alors que faire ? Pour Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde et fervent défenseur d’un tourisme plus responsable, la solution passe par une prise de conscience collective : « Nous devons repenser notre façon de voyager. Privilégier la qualité à la quantité, respecter les lieux que nous visitons et leurs habitants. C’est à ce prix que le tourisme pourra continuer à être une source d’enrichissement mutuel plutôt qu’une source de conflits.« 

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